Bomb Jack
Genre :
Amérique interventionniste
Editeur : Tehkan
Année de sortie : 1984
Support : Arcade, Game Boy et ordis préhistoriques
Bomb Jack est une expérience géopolitique vidéoludique qui entrait dans le cadre de la propagande américaine du début des années 80, en faveur de la toute puissance du bloc de l'Ouest lors de la guerre froide qui allait bientôt prendre fin. Si les Talibans avaient en guise de héros emblématique Bomberman pour remotiver leurs troupes, les américains eux, disposaient de leur côté de Bomb Jack, un super-héros masqué volant dont le pouvoir était de désamorcer des explosifs à la chaîne (vive le fordisme !) rien qu'en les touchant. Le pitch, quant à lui, défouraille grave sa maman : des robots terroristes communistes que l'on imagine également fous de Dieu, posent des bombes un peu partout sur des sites touristiques à fréquentation internationale allant du Sphinx de Gizeh à l'Acropole, en passant par le château de Neuschwanstein en Bavière, pour finaliser en beauté leur road-trip anxiogène en territoire reaganien à Hollywood et sur la plage de Miami. Mais heureusement, Bomb Jack sera là pour déjouer toutes ces attaques foireuses, au nom de la toute puissante Amérique et de l'hégémonie du grand capital of course !
Bomb Keuj semble courber l'espace-temps en enchainant divers lieux piégés géographiquement éloignés et en planant avec aisance dans les airs avec sa petite cape bon marché. Malheureusement, le fioutcheur nous démontrera que mettre au placard un super-héros de ce calibre peut entraîner de fâcheuses conséquences sur la sécurité intérieure d'un pays. En effet, le président Reagan, en ratifiant le 8 décembre 1987 un traité de désarmement (l'option zéro) à Washington avec le président soviétique Gorbatchev, signe sans le vouloir la retraite anticipée de Bomb Keuj, qui se verra remercié ingratement par la Maison Blanche. Ce qui entrainera plusieurs années plus tard le succès de l'attentat d'Oklahoma City en 1995 par des miliciens rednecks et la désormais très célèbre attaque du 11 Septembre 2001 par les Talibans. Bref, Bomb Jack est le dernier vestige vidéoludique d'une Amérique au sommet de sa gloire mais qui a aujourd'hui perdu beaucoup de sa superbe et sublimé toute sa faiblesse à travers ses nombreuses dérives sociales et politiques. Le titre phare de Tehkan, qui a aussi inspiré le talentueux mais très pileux scénariste Alan Moore dans la conception de l'intrigue chiadée de sa bande dessinée cultissime Watchmen. Ou pas.
Bomb Keuj était le symbole fort d'une Amérique interventionniste alors en pleine gloire.